Nous entendons beaucoup parler de l’électrification dans la gamme des constructeurs, les offres ne cessent de s’élargir. Il peut devenir difficile de savoir quelle voiture choisir.
En tant que professionnel l’hybride est attrayant, ne serait-ce que d’un point de vue fiscal.
Plusieurs motorisations entrent dans cette catégorie, parfois par abus de langage.
Micro-hybridation, hybride rechargeable, voiture électrique. On pourrait s’y perdre facilement, et c’est sans compter sur les sigles, MHEV, PHEV et autres BEV. Faisons un tour d’horizon et simplifions les choses !

Hybridation : Quelle terme pour quelle technologie ?

Faisons avant tout un peu de sémantique. En automobile nous qualifions d’hybride un véhicule composé de plusieurs motorisations. Ici en l’occurrence d’un moteur électrique ainsi qu’un moteur à combustion interne.
Voyons maintenant ce qui existe sur le marché de l’hybridation.

Micro hybridation (MHEV) : l’abus de langage en question

Technologie apparue en 2015 et initiée par Suzuki avec le modèle Baleno, il s’agit du niveau d’hybridation le plus léger.
On lui donne plusieurs noms :
– Hybridation légère, hybrid 12v ou 48v, mild hybrid, micro hybride.
Le sigle MHEV signifie quant à lui « Mild Hybrid Electric Vehicle ».

Vous l’aurez compris, nous parlons ici de quelque chose de plutôt « léger ».
Cette technologie est composée en général d’un alterno-démarreur à courroie qui vient s’intercaler entre la boîte de vitesse et le moteur thermique. Ainsi que d’une petite batterie de 12v ou 48v.
Pratique pour les constructeurs et peu coûteuse à intégrer dans les modèles thermiques existants.
Dépourvu de moteur électrique à proprement parler, il est impossible de déplacer la voiture uniquement avec de l’énergie électrique.
C’est souvent cette technologie qui a tendance à être survendue. En effet son bénéfice annoncé en terme de consommation se situe seulement entre 0,5 et 1 litre au 100km.

Comment ça fonctionne ?

Le principe de fonctionnement est le suivant :
Lors des phases de décélération ou de freinage, l’alterno-démarreur récupère l’énergie cinétique qui va ensuite être stockée dans la batterie 12 ou 48v. Cette énergie va être restituée au moment des démarrages et des accélérations. Le but étant de soulager le moteur thermique.
Chez certaines marques comme Audi, la technologie permet également de complétement éteindre le moteur thermique. Lorsque l’on est à vitesse constante, jusqu’à environ 160 km/h.

Que penser de cette technologie ?

Soyons clairs si vous chercher un véhicule hybride qui vous permettra de réduire l’item carburant de votre TCO alors cette technologie risque fort de vous décevoir.
Elle sera cependant tout de même intéressante en utilisation urbaine là ou son système d’alterno-démarreur sera le plus sollicité.
Si toutefois votre critère premier est de vous déplacer de façon éco-responsable sans émettre de CO2 alors privilégier plutôt l’hybride rechargeable ou l’électrique.

Avantages pour les professionnels:

  • Tarif généralement le moins élevé de la catégorie hybride
  • Carte grise gratuite
  • TVS généralement moins élevé qu’un véhicule thermique standard et même partiellement exonérée selon le CO2

Inconvénients pour les professionnels:

  • Pas d’utilisation 100% électrique
  • Réduction de la consommation assez négligeable = peu d’impact sur TCO
  • Pas d’exonération totale de la TVS

L’hybride rechargeable (PHEV) : électrique pour de vrai, à condition d’être bien utilisé

Le sigle PHEV signifie Plugin Hybrid Electric Vehicle.
Les anglophones l’auront comprit cela veut dire que c’est une hybride qui se branche. C’est donc par ce biais que l’on va pouvoir recharger la voiture.

hybride_rechargeable

Comme son homologue thermique avec un réservoir et un moteur, la partie électrique se compose d’un moteur électrique et d’une batterie.
D’une capacité allant de 5kWh, à 30kWh pour les modèles avec le plus d’autonomie.
En général dans ces voitures plusieurs modes d’utilisation sont disponibles.
Permettant de privilégier la conduite en tout électrique (généralement mode EV), ou alors de laisser le véhicule et son interface de gestion s’occuper de répartir l’énergie électrique et thermique.
Enfin un troisième mode est parfois disponible, comme c’est le cas chez Audi par exemple.
Ce mode appelé « Battery Hold » permet de n’utiliser que le mode thermique afin de conserver la charge de sa batterie.
C’est bien entendu une très mauvaise façon d’utiliser ce type de véhicule puisque la consommation s’en trouvera très largement augmentée.
D’autres marques permettent la recharge de la batterie à l’aide du moteur thermique, ce qui entrainera aussi une surconsommation de carburant.

Comment cela fonctionne ?

Les hybrides rechargeables ont, comme vous l’avez vu plus haut, la capacité d’êtres utilisées en mode électrique, thermiques, ou les deux.
Le moteur électrique souvent situé sur un des essieux avant ou arrière fait généralement une puissance allant de 50 à une centaine de CV pour les plus puissants.
Ici il est donc approprié, contrairement à l’hybridation légère, de parler de puissance cumulée. Moteur thermique et moteur électrique pouvant fonctionner de concert.

Généralement le mode « tout électrique » s’active par défaut au démarrage de la voiture, l’objectif étant de parcourir les premiers kilomètres en électrique. Ne soyez donc pas surpris de ne pas entendre de bruit au démarrage !
L’un des gros avantages de l’hybride rechargeable est donc de pouvoir parcourir de nombreux kilomètres en électrique. Généralement de 20 à 100 kilomètres pour les plus performants. Et ce jusqu’à des vitesses parfois assez élevées, environ 130 km/h.

Que penser de l’hybride rechargeable ?

Fort intéressante sur pas mal d’aspects l’hybride rechargeable permet, lorsqu’il est bien utilisé, de réduire le TCO.
La fiscalité de ce type de motorisation est encore intéressante en 2021 car elle est concernée par plusieurs dispositifs.
Enfin, à l’usage on notera la possibilité de faire des trajets tout électrique sur plusieurs dizaines de kilomètres, non négligeable, c’est l’aspect le plus intéressant de cette technologie.
Toutefois il est très important de noter qu’un véhicule hybride rechargeable n’a de sens à l’usage seulement si il est régulièrement rechargé.

Avantages pour les professionnels:

  • Fiscalité très intéressante en 2021
  • Bonus écologique de 2000€ sous conditions
  • Carte grise gratuite
  • TVS très faible (une dizaine d’euros en fonction du niveau de CO2)
  • Possibilité de parcourir de nombreux kilomètres en électrique
  • Baisse du TCO sur l’item carburant si rechargé régulièrement
  • Agrément de conduite
  • Plus respectueux de l’environnement si recharge régulière

Inconvénients pour les professionnels:

  • Tarif plus élevé qu’un MHEV ou moteur thermique uniquement
  • TCO plus élevé si non rechargé régulièrement
  • Peu adapté à l’usage autoroutier
  • Prévoir un investissement pour permettre la charge en entreprise
hybride rechargeable

Des études qui remettent en question la propreté de l’hybride rechargeable

L’hybride rechargeable est la cible de plusieurs études menées par différents organismes.
Courant 2020 ce sont deux études qui viennent fortement remettre en question les données fournies par les constructeurs.
L’une faite par l’institut de recherche allemand Fraunhofer avec l’ICCT (International Council on Clean Transportation) et l’autre par Emissions Analytics pour Transport & Environment.

Sous forme de livre blanc, la première étude allemande a pour objectif de mesurer l’impact écologique réelle de cette technologie dans différents pays.
Après avoir étudié un panel de plus de 100.000 voitures hybrides rechargeable l’étude constate que les données de consommation sont deux à quatre fois plus élevées que les informations fournies par les constructeurs.
C’est l’utilisation peu fréquente en mode tout électrique qui est responsable.
En fonction des régions du monde, les disparités sur ce point dans les résultats de l’étude sont importantes.
C’est facilement explicable, voici pourquoi.

Des mécanismes d’incitations financières imparfaits pour encourager l’hybride rechargeable

Le choix d’une motorisation se fait bien entendu en fonction des besoins de l’utilisateur. Cela est indiscutable.
Les schémas classiques, basiquement ancrés, sont ceux là :
– Gros rouleurs = Diesel
– Petit rouleurs = Essence

Forcément, l’avènement des nouvelles motorisations vient rebattre les cartes. Les motorisations hybride rechargeable et électrique entrent dans la danse et viennent adresser certaines utilisations. Mais pas toutes.

Une professionnel amené à se déplacer principalement sur autoroute, ne tirera pas grand avantage de l’hybride rechargeable. Du moins pas d’un point de vue de la consommation et des capacités électriques de la technologie.
En effet, à haute vitesse le véhicule fonctionnera presque exclusivement en thermique. Le poids des batteries devenant un poids mort pour la voiture.

Un choix fiscal, peu adapté à l’usage

L’incitation fiscale étant ce qu’elle est en France, on se retrouve donc dans le cas plus haut avec un « gros rouleur » qui utilise un véhicule alourdi et peu adapté à son usage puisque finalement il l’utilisera très peu en électrique.

Au delà de l’usage à proprement parlé. D’autres cas sont intéressants à relever pour les professionnels :
– L’absence de mise en place d’infrastructure de recharge dans les entreprises qui déploient de l’hybride rechargeable.
– La plupart des collaborateurs possèdent des cartes carburant mais en revanche doivent payer les recharges électriques faites à domicile, cela peut être un frein à la recharge.

L’institut Fraunhofer et l’ICCT recommande de ne proposer des subventions qu’aux entreprises capable de justifier d’un investissement dans des bornes de recharges.
La notion d’accompagnement aux usagers dans les réseaux publics et privés est aussi une piste intéressante.

Oui ou non à l’hybride rechargeable ?

A la lumière de ces études, que penser de l’hybride rechargeable ?
Et bien on peut dire que l’étude de l’ICCT et l’institut Fraunhofer est constructive puisqu’elle propose des axes d’améliorations quant à l’usage et ce qui est nécessaire autour du véhicule à proprement parler.

L’étude d‘Emissions Analytics pour Transport & Environment est de son côté complétement à charge.
Elle cible la technologie hybride rechargeable comme mauvaise et pointe les conséquences de ses mauvais usages.

Pourtant on peut dire que l’hybride rechargeable est une bonne solution de mobilité pour un professionnel.
Et ce seulement si l’usage est adapté à la technologie, et si une solution de recharge existe.